Les métiers de la vitesse
Le pilotage et votre cerveau
Un article de Warren Chamberlain, extrait de son livre 'Speed Craft' (en cours de rédaction).
Traduit de l'Américain par André Prat, avec la participation de Patrick Duc.

 

 

Biographie de l'auteur

Je travaille actuellement comme rédacteur technique, bien que je cherche à devenir instructeur en pilotage ou coach. J'ai commencé à courir en Formule Ford à l'école de pilotage de Jim Russel quand j'avais 18 ans (1978). J'ai tout de suite connu quelques succès (2ème à ma première course, record du tour à ma 5ème) et j'ai terminé la saison de 19 courses avec 12 premières places, 3 deuxièmes places et 2 troisièmes.
Ne trouvant pas de sponsors, j'ai du arrêter la compétition, ce faisant je me suis intéressé à la façon dont j'avais appris à piloter. Apres avoir évalué mes expériences, j'ai développé des théories sur les systèmes devant être présents dans le cerveau, et comment j'avais développé/entraîné mon cerveau. J'ai ensuite effectué des recherches neurologiques, psychologiques, psycho-sportives, éducatives et philosophiques pour déterminer si mes théories pouvaient trouver une explication scientifique et pratique. C'était le cas, aussi j'ai décidé de partager mon savoir en écrivant un livre (en participant occasionnellement à quelques courses de karting à partir de 1990) pour aider les pilotes à franchir le fossé séparant l'enseignement des écoles de pilotage et ce qu'ils doivent apprendre pour devenir rapides. Pour tester mes techniques d'entraînement, j'ai participé à une course sur 3 jours 'Skip Barber FF' à Thunder Hill CA (en février 1995). Le contexte était des plus défavorable, car cela faisait plus de 11 ans que je n'avais pas piloté une FF, et je n'avais jamais piloté une SB, jamais couru avec des pneus à structure radiale, ni vu la piste. L'essai fut couronné de succès, j'ai terminé les 3 courses aux 5ème, 3ème et 2ème places et un meilleur tour à .2 secondes du record de la piste.
Bien que les techniques que j'utilise ne soient pas orthodoxes, elles sont basées sur l'expérience et la science, et elles fonctionnent ! J'espère que vous les testerez, c'est peut-être juste ce qui vous manque pour progresser plus vite ou vous sortir d'un mauvais passage. C'est juste des idées, donc essayez, gardez ce qui marche pour vous, oubliez le reste et profitez en.

Warren Chamberlain

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Copyright

Les informations qui suivent sont protégées par copyright par W. Warren Chamberlain III 1/1/1996. C'est un extrait des sujets qui seront présentés dans le livre Speed Craft, qui est en cours de rédaction.

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Présentation et pré-requis.

Un peu de philosophie.

  1. La conduite est un art. Il y à deux sortes de techniques : la technique Mentale (que personne n’enseigne), et la technique Physique (dont vous pouvez apprendre les bases dans toute bonne école ou bon livre de conduite).
  2. Vous devez maîtriser les techniques mentales avant de pouvoir acquérir les techniques physiques associées. Par exemple, vous devez utiliser la technique mentale de ‘réduction de la sensation de vitesse’ avant de pouvoir libérer assez d’attention pour utiliser la technique physique de ‘conduite sur la bonne trajectoire’. Il est regrettable que la plupart des techniques enseignées dans les livres et les écoles , ne puissent être utilisées par les élèves parce qu’ils n’ont pas appris d’abord les techniques mentales.
  3. Quand vous apprenez à piloter, votre meilleure option est de vous faire d’abord une idée des techniques physiques, par la lecture ou en suivant une formation, puis d’utiliser votre intelligence pour découvrir et apprendre les techniques mentales dissimulées dans votre expérience. Ainsi, vous devez d’abord apprendre ‘intellectuellement’ une technique physique (avant que vous ne puissiez la pratiquer), car vous devez utiliser ce savoir pour interpréter votre expérience, ce qui vous permettra de découvrir la technique mentale que vous devez étudier. Paradoxal ? OUI, mais la course automobile est faite de paradoxes et de compromis. Dés lors que vous apprenez la technique mentale, vous pouvez mettre en pratique la technique physique, et ensuite vous êtes prêt pour l’étape technique suivante.
  4. L’expérience acquise en pilotant contient toutes les leçons que vous devez apprendre pour atteindre votre potentiel de pilote. C’est la bonne nouvelle ! La mauvaise nouvelle, c’est que les leçons sont enfouies dans votre expérience. Par exemple, faites une série de tours type ‘warm-up’ (en assurant vos freinages), puis faites une série type qualifs (en freinant le plus tard possible). Si vous constatez que vos tours ‘warm-up’ sont meilleurs, il y a là une grande leçon à tirer. Si vous ignorez cela, vous ne progresserez pas. Si vous approfondissez le problème, vous apprendrez.
    Je suis effaré quand les livres et les écoles concluent en disant "vous avez maintenant les bases, tout ce qui vous manque c'est la pratique". Pour plus de 90% des pilotes, c’est de la foutaise. C’est sûr, certains pilotes tireront instinctivement les leçons de leurs expériences (parce qu’ils ont baigné dans la course auto toute leur vie ou ont eu une expérience similaire, peut-être dans un autre sport). Ces pilotes progressent vite, deviennent rapides, et sont considérés comme doués. Pendant ce temps, les autres bataillent pour progresser ou plafonnent. Dans les 2 cas, ces pilotes tirent moins de plaisir du pilotage qu’ils pourraient, et n’auront jamais le chance de découvrir le talent qu’ils possèdent.
  5. Ne vous polarisez pas trop sur certaines techniques, elles ne sont qu'une étape dans votre courbe de progression. Par exemple, un musicien étudie d’abord les portées , puis apprend à jouer quelques morceaux par cœur, mais c’est seulement quand il se libère de la technique qu’il va pouvoir composer.

Une peu de neurologie.

L’hémisphère gauche de votre cerveau (le dominant) fonctionne (comme un ordinateur classique), traitant une seule information à la fois (bien que très rapidement). Il est très performant pour les tâches analytiques comme nommer, classer, juger, comparer et gérer les priorités.. Il gère le langage et est aussi très performant pour les tâches liées au temps. Cependant, il n’est pas performant pour traiter un gros volume d’informations sensorielles, ou pour coordonner des mouvements complexes simultanés (tout ce qui est à gérer en pilotant).

L’hémisphère droit de votre cerveau fonctionne comme un ordinateur à architecture parallèle, traitant un énorme volume d’information à la fois. En terme de tâches, il est l’opposé de votre hémisphère gauche. Il excelle dans le traitement d’un gros volumes d’informations sensorielles (visuelles ou autres), ou la coordination de mouvements complexes simultanés. Néanmoins, il n’est pas performant dans la gestion des priorités, pour nommer, etc., et n'a quasiment aucune capacité dans le traitement du langage ou la conscience temporelle (et la plupart de ces activités sont également nécessaires pour piloter).

Les hémisphères de votre cerveau sont connectés par un gros réseau de cellules nerveuses appelé le Corpuscolosum. C’est la mise en réseau de votre cerveau. Il permet de faire fonctionner les 2 hémisphères en mode séparé ou en synchronisation comme s’il n’y en avait qu’un seul. Malheureusement, l’hémisphère gauche (qui possède un énorme ego et veut tout faire) est l’administrateur du système. Il essaie donc souvent de réaliser une tâche seul, alors qu’il serait préférable de la partager avec l’hémisphère droit (comme pour conduire un kart, par exemple).

Il existe aussi un autre système dans le cerveau, appelé le ‘Système Réticulaire’. Ce système contrôle votre niveau de conscience et d’attention. C’est ce qui vous permet, dans une ambiance bruyante, de mener une conversation et cependant de distinguer quand quelqu’un prononce votre nom ailleurs dans la pièce. Votre nom est important pour vous, donc votre Système Réticulaire éveille votre attention.

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La concentration du pilote

La concentration et le Système Réticulaire.

Le Système Réticulaire est une masse de neurones allant du haut de la moelle épinière jusqu’au sommet du tronc cérébral. Tout ce qui va ou vient du cerveau le traverse. Le Système Réticulaire est responsable de votre état de conscience (comateux, conscient, attentif) et de votre concentration.

La concentration pour les pilotes.

Appliqué à la course, le terme de concentration est trompeur, car il implique que si vous vous concentrez réellement, vous polarisez toute votre attention sur la conduite.

Dans la pratique de la course, le terme de concentration est une sorte de contresens, dans la mesure où si vous êtes concentré au sens propre, vous placez toute votre attention sur un champ très restreint du pilotage. Le problème avec cette notion de concentration, c’est que l’attention ne peut qu’être à 100% sur une seule chose à un instant donné, alors que la pratique du karting requiert de faire plusieurs choses à la fois. La notion de conscience est en fait un état continu allant de l’inconscience à la "concentration" en passant par l'état attentif. Cependant, je pense qu'il y a en fait deux types de concentration, les deux étant nécessaires pour aller aux limites dans le pilotage d'un kart.

La Concentration Hémisphère Gauche ou ‘concentration ciblée’.

Le premier type de concentration, c’est ce qui nous vient naturellement à l’esprit quant nous entendons le mot concentration. J’appelle cela la concentration ciblée. Dans cette méthode, nous concentrons toute notre attention sur une chose à l’exclusion de tout le reste. A mon sens, ce type de concentration ressemble au fait de faire passer mon esprit A TRAVERS mes yeux afin de le polariser sur une chose bien précise. L’avantage de ce type de concentration est que vous obtenez une information très détaillée. Vous pouvez par exemple avoir une trajectoire très précise, ou identifier des repères de point de freinage, de déclenchement de virage, de passage à la corde, etc.
Quand vous pratiquez la compétition, vous devez pouvoir savoir en permanence, où vous vous situez sur la piste, quelles sont les forces qui s’exercent sur votre kart et quel est le niveau de motricité. Donc pour conduire avec l'hémisphère gauche, il faut que vous puissiez rapidement basculer votre concentration d’un sens sur un autre (visuel, sensitif -
kinesthésique, auditif,...). Vous devez alors prendre ces échantillons et les combiner mentalement entre eux pour créer un modèle sensoriel de votre état du moment (situation, vitesse, trajectoire, forces, traction, ...).
Le problème alors est que votre Système Réticulaire doit envoyer ces informations vers votre hémisphère gauche, là où l’information est traitée et le modèle créé. Ensuite, parce que votre cerveau mémorise vos expériences précédentes sous forme de modèles globaux d’informations sensorielles, cette information doit être retrouvée dans l’hémisphère gauche, puis interprétée et comparée au modèle sensoriel. Votre hémisphère gauche détermine alors si vous devez apporter une correction à vos paramètres de vitesse, position, ... en se basant sur la qualité de correspondance des 2 modèles. Malheureusement, cette charge de travail sur cet hémisphère (collecte, traitement, comparaison) provoque une augmentation de la sensation de vitesse et de votre niveau de stress. Ce stress vous empêche d’être au meilleur niveau, réduit votre sensibilité, et plus généralement complique tout.

La Concentration Hémisphère Droit ou ‘concentration globale’.

Le second type de concentration est ce que j’appelle ‘a "Concentration Hémisphère Droit’, qui est une concentration de votre attention sur vos sens. Quand vous vous concentrez sur vos sens (au lieu d’un seul élément ou un seul sens), vous l’êtes sur tout en même temps, ce qui crée une scène globale impliquant plusieurs sens. Pour moi, cela ressemble à regarder les choses sur le fond de mon œil (plutôt qu’a travers lui), ce qui signifie que je suis concentré sur tout ce qui est dans mon champ de vision.
Les avantages de la concentration globale en course sont :
- la capacité à traiter un volume d'informations beaucoup plus important qu'en concentration ciblée.
– la vision globale et précise de votre situation, acquise aux moyens de vos différents sens (visuel, kinesthésique, auditif, etc.).
– la capacité à réaliser en temps réel des opérations de comparaison entre votre modèle sensoriel et la situation courante.

L’information générée par le mécanisme de concentration hémisphère droit ne nécessite pas que votre hémisphère gauche crée un modèle mental car l’information est déjà dans une forme globale. Ce qui fait qu’elle contient déjà toute l’information dont vous avez besoin pour déterminer votre position sur la piste, les forces agissant sur votre kart et votre motricité.

Puisque votre cerveau enregistre votre expérience en modèle global d’informations sensorielles, il est très facile pour votre Système Réticulaire de faire une correspondance de repères entre le modèle stocké et l’information en provenance de l hémisphère droit. Comme cette correspondance est faite au niveau hémisphère droit/Système Réticulaire de votre cerveau, très peu de ressources intellectuelles sont consommées, ce qui signifie que cette comparaison est faite en très peu de temps (quasiment en temps réel).
Si le modèle et la réalité correspondent, alors vos ressources intellectuelles restent libres pour gérer d’autres activités comme l’analyse de votre pilotage, l’évaluation des performances de votre kart, la stratégie de course, etc. Cette réduction de charge de l’activité de votre cerveau est ce qui produit une sensation de réduction de vitesse et vous permet d’atteindre votre limite.

Si les informations sensorielles ne correspondent pas au modèle, alors le Système Réticulaire dirige une part de vos ressources intellectuelles (votre concentration hémisphère gauche) sur la différence. Vous devez alors évaluer la différence et déterminer ce qui doit être ajusté. La quantité de ressources intellectuelles qui est dédiée à l’analyse de la différence dépend de son importance, et de la perception du danger induit. Pour des infos plus détaillées sur ce sujet, voir "Programmez votre Système Réticulaire pour rester au top.", un peu plus loin.

Un autre bénéfice très important de la concentration globale est qu’elle demande moins d’effort mental car vous n’êtes pas constamment en train d’essayer de porter votre attention sur un point particulier.

Bien que la concentration globale ait beaucoup d’avantages comparée à la concentration ciblée, elle a aussi une grosse lacune : elle ne procure pas la finesse de vue qu’exigent certains points de pilotage. Donc, comme toujours, il faut trouver le juste équilibre pour obtenir le maximum de performances. Les pilotes expérimentés basculent en permanence d’un hémisphère vers l’autre, en général inconsciemment. Par exemple, en ligne droite avant un virage, ils sont en concentration globale, à l’approche du point de freinage, ils ont besoin de plus de précision pour l’évaluer et basculent alors sur la concentration ciblée. Une fois correctement positionnés, ils passent en concentration globale pour mieux sentir le comportement du kart, puis repassent en concentration ciblée pour le point de braquage. A l'approche du point de braquage, ils reviennent en concentration globale afin que leur hémisphère gauche ne perturbe pas les mouvements précis exigés pour placer la kart dans le virage. Ils peuvent ainsi traiter toute l'information sensorielle qu'ils captent. Ensuite ils passent brièvement en concentration ciblée pour vérifier qu'ils se dirigent vers le point de corde. Si c'est la cas, ils repassent en concentration globale pour traiter toutes les informations sensorielles. Ainsi, leur corps est suffisamment détendu pour qu'ils puissent ressentir avec précision la motricité disponible. Finalement, ils passent de nouveau brièvement en concentration ciblée pour vérifier qu'ils tendent correctement vers le point de sortie, avant de repasser en concentration globale jusqu'au prochain point critique (freinage ou virage).

Note : les pilotes passeront aussi en concentration ciblée si un point nécessite une attention précise, comme la proximité d'un autre kart ou un problème de comportement de son kart.

Le but étant d’être précis (concentration ciblée) sur les points importants de la trajectoire et sensible (concentration globale) au comportement du kart entre ces points.

Expérience pour différencier concentration globale et ciblée.

Pour vous faire une idée de ce qu’est la concentration ciblée , placez vous face à un miroir et concentrez vous sur un de vos yeux. Concentrez-vous de façon à ne plus voir que les veines du blanc de l'œil, puis concentrez toute votre attention sur une seule ce ces veines. Remarquez alors que vous distinguez très mal la pupille de votre œil, ainsi que votre nez et le reste de votre visage. Analysez aussi l’effort mental que cela vous demande. Si vous déplacez votre attention sur autre chose, vous perdez votre concentration et ne voyez plus alors cette veine avec précision.

Quand vous perdez la concentration sur cette veine, votre esprit commence alors à errer, car votre hémisphère gauche ne trouve plus rien sur quoi se concentrer. C'est à dire que plusieurs choses sont dans votre champ de vision (visage, nez, yeux, bouche, etc.), mais votre esprit erre et vous n’êtes pas concentré sur quelque chose de particulier ou conscient des choses vous entourant. En d'autres termes, vous regardez mais vous ne voyez pas. Pour finir, concentrez- vous à nouveau sur cette veine, et essayez de ressentir votre environnement (tactile, auditif, kinesthésique). Vous vous apercevez alors qu’il est très difficile (voire impossible) de rester concentré sur la veine de votre œil quand vous essayez d ‘être attentif à vos autres sens.

Ensuite, essayez la concentration globale en relaxant vos yeux et en regardant simultanément l’ensemble de votre visage. (Essayez en fait de regarder 'à partir de l'arrière de votre œil', ceci vous évitant d’être attiré par un point particulier de votre visage). Quand votre attention est fixée sur votre environnement, vous n’êtes pas capable de distinguer avec acuité une partie spécifique de votre visage, mais vous pourrez vous concentrer en même temps sur tout ce qui est présent dans votre champ de vision

En d’autres termes, vous n’obtenez pas une image parfaitement nette de quelque chose de particulier, mais une image complète d’une scène entière. Notez aussi que cela réclame moins d’efforts que de vous concentrer sur la veine de votre œil, et que vous obtenez une vue bien plus complète de ce que vous regardez. Par exemple, vous voyez votre visage en entier, alors qu'avec la concentration ciblée, vous n'observez qu'une partie de votre visage et vous devez créer une représentation mentale de ce à quoi votre visage ressemble.

Maintenant, pendant que vous vous concentrez sur votre environnement, notez comment vous pouvez être ouvert à vos autres sens. Et notez aussi que cela ne vous demande pas plus d’effort intellectuel et ne diminue pas la masse d’informations que vous percevez dans votre champ visuel.

Programmez votre Système Réticulaire pour rester au top.

En plus de contrôler votre niveau de conscience et de concentration, votre Système Réticulaire sert aussi de système de survie, qui alerte votre hémisphère gauche de toute chose anormale ou inquiétante (comme le rail de sécurité lors d’un sous-virage). Bien que ce système de survie soit utile pour votre protection, vous devez programmer votre Système Réticulaire pour piloter, ou vous risquez de gros ennuis. Dans l’exemple précédent, si vous focalisez toute votre attention sur le point où vous risquez de taper le rail, vous n’aurez pas assez de ressources mentales pour éviter l’accident. Avez-vous entendu parler d'"idée fixe" ? Donc, pour être sûr de rester concentré quand vous pilotez, vous devez avoir programmé votre Système Réticulaire pour qu’il n ‘attire votre attention que sur les événements utiles. Vous devez aussi l’entraîner pour que lorsqu’il rencontre un événement inhabituel, il n’utilise que les ressources mentales nécessaires au traitement de la situation.

Comme expliqué précédemment, le rythme de pilotage au moyen de vos représentations mentales, combiné avec l'expérience (c'est-à-dire une grande habitude des sensations importantes : visuelles, auditives, kinesthésiques) crée l’état de concentration optimale. Sortir de cet état peut se produire lorsque quelque chose d'inattendu se produit, quelque chose d'attendu ne se produit pas, ou lorsque votre expérience ne vous permet pas de gérer une situation, par exemple :

Quand l’un de ces événements se produit, votre Système Réticulaire le perçoit comme une menace et attire votre attention sur le problème, ce qui amène votre hémisphère gauche à sortir de son état de concentration en même temps qu’il évalue la situation. Après quoi , il décide d’un ensemble d’actions en fonction de la gravité de la situation. La réponse peut se trouver dans l’une de ces réponses:

Si vous connaissez semblable mésaventure, vous devez rétablir la confiance que l’hémisphère gauche a envers l’hémisphère droit avant de pouvoir retrouver votre état de concentration optimale.

Programmation de votre Système Réticulaire.

Parce que le Système Réticulaire relaie les signaux allant et provenant du cerveau, vous pouvez le programmer avec les signaux entrants (l’expérience) ou sortants (l’imagerie) ainsi :

Le programmer avec les signaux entrants.

Comme votre Système Réticulaire compare chaque tour de pilotage au modèle de référence, il vérifie que les sensations entrantes sont cohérentes et que le modèle est adapté. Par exemple, si le grip se modifie, votre modèle n’est plus correct (points de freinage, vitesse en courbe, ...). Alors votre Système Réticulaire et votre hémisphère gauche modifient le modèle pour le rendre conforme au nouvel environnement.

Donc, pour re-programmer votre Système Réticulaire avec des informations entrantes, il vous suffit de modifier légèrement la façon de piloter et de répéter cela d’une manière constante. Ceci crée en fait une légère distorsion entre le modèle et la réalité. Pour provoquer cette distorsion vous pouvez :

NOTE: Ne faites pas de changement trop important d’un coup (comme passer à fond là où vous passiez à mi-charge précédemment), sinon vous risquez de provoquer une fixation ciblée (exemple du rail de sécurité cité précédemment) avec toutes les conséquences néfastes que cela implique.

Lorsque vous commencez à piloter en mettant en pratique cette ‘déviation légère’, votre Système Réticulaire y portera peu d’attention. Cependant, après quelques tours (le nombre peut varier selon les personnes), votre hémisphère gauche et votre Système Réticulaire admettront que cette variation est normale, et l’inscriront dans votre modèle de repères.
Vous pouvez répéter ce processus avec différents paramètres pour créer un modèle large et flexible. Cette flexibilité permettra que les variations de pilotage soient admises de votre modèle de repères, ce qui vous permettra de rester concentrés.

Il y a cependant quelques problèmes mineurs avec cette méthode :

Le programmer avec les signaux sortants.

Du fait que votre cerveau ne peut percevoir la différence entre le réel et l’imaginaire, vous pouvez utiliser l’imagerie pour programmer certains points de votre Système Réticulaire :

Définition de ce qui est important et/ou menaçant.

Puisque votre Système Réticulaire attire automatiquement votre attention sur une menace perçue, vous pouvez le programmer en redéfinissant ce qui est menaçant. Par exemple, un pilote expérimenté peut accepter une dérive importante dans un virage rapide sans que leur attention soit accaparée par le dérapage. Il peut le faire parce qu'il ne considère pas ce dérapage comme menaçant. Son hémisphère droit corrige simplement le dérapage et leur Système Réticulaire ne perturbe pas sa concentration.
Pour un novice, la même situation va sans doute attirer toute son attention sur le dérapage et entraîner la perte de concentration optimale de l'hémisphère droit. Lorsque cela se produit, il se bloque et ne perçoit plus les sensations de motricité. Ceci ralentit ou empêche la correction instinctive du dérapage, ce qui entraînera probablement une perte de contrôle.

Programmer votre Système Réticulaire pour ce qui est important ou non est simplement une façon consciente de décider de ce qui est important ou dangereux. Par exemple, vous pouvez, tout en lisant un livre dans un hall d’aéroport, n’être attentif qu’a l’annonce de votre vol et ce malgré le brouhaha ambiant. Ceci est possible, parce que vous aviez décidé préalablement que cette information était importante au contraire de toutes les autres et ce faisant votre Système Réticulaire attire votre attention sur ce seul événement.
La difficulté est alors de faire la distinction entre ce qui est important/menaçant du reste. Une des meilleures façons de le faire est de modéliser d’autres pilotages. Ce faisant, si un pilote disposant du même matériel que vous passe à fond dans un virage où vous levez le pied, ceci signifie certainement que vous faites une mauvaise interprétation des sensations perçues, en les ressentant comme dangereuses, ce qui vous fait ralentir là où en fait cela n’est pas nécessaire.

NOTE: Vous pouvez imiter les pilotes plus rapides, cependant faites-le avec précaution. Dans l'exemple précédent, n'essayez pas de rentrer aussi vite dans le virage au premier essai, pour les raisons mentionnées précédemment au sujet de la "fixation ciblée". Ne considérez pas cette manœuvre comme un danger, mais faites des changements progressifs et mesurés dans ce sens.

En dehors de la modélisation d’autres pilotes, le fait de simplement porter une attention accrue à ce que vous faites (et au résultat engendré) vous guidera vers ce qui est important à réaliser sur tel secteur du circuit.

Prise en compte d’une expérience fortuite.

Cette méthode est pratique pour ajouter un événement imprévu à votre modèle de repères. Par exemple, lors d’une tentative de dépassement, vous entrez dans un virage trop fort, mais (après vous être déconcentré et fait une grosse frayeur) vous vous en sortez. Vous savez maintenant que vous pouvez passer ce virage plus vite. Pourtant, bien que vous sachiez quelque chose vous pouvez passer plus vite), vous pouvez très bien ne pas y arriver. Même si vous vous forcez à le faire, vous ne serez probablement pas capable de rester correctement concentré en le faisant. Utilisez alors l’imagerie pour répéter l’enchaînement plusieurs fois et amener votre Système Réticulaire et hémisphère gauche à reconnaître cela comme normal. Vous pourrez alors passer ce virage plus vite tout en restant concentré.

Préparez-vous à modifier votre modèle par vous-même (consciemment).

Parce que la compétition est dangereuse par nature, il est très difficile de faire n’importe quel changement en pilotant. C'est-à-dire qu'à moins que vous ne soyez un pilote expert (avec beaucoup d ‘heures d’expérience de la piste), vous n’aurez pas suffisamment de repères pour changer votre pilotage en roulant. Au lieu de cela, vous serez certainement contraint de rentrer aux stands pour évaluer votre expérience sur la piste, puis décider des changements.
Malheureusement, bien que vous ayez évalué les secteurs où vous pourriez être plus rapide, et les modifications à apporter à votre pilotage, il n’est pas garanti que vous puissiez appliquer ces changements de suite. C’est à dire, que dés votre retour en piste, votre cerveau et votre Système Réticulaire voudront faire ce qu’ils faisaient les séries précédentes parce que ça marche et, chose tout à fait primordiale, ça n'est pas dangereux. Donc, la meilleure façon de modifier votre pilotage est d’utiliser l’imagerie mentale pour vous voir conduire comme vous le souhaitez avant de retourner sur la piste.

L’utilisation de l’imagerie pour modifier votre pilotage est une technique qui fonctionne, car comme je le disais plus tôt, votre Système Réticulaire et votre cerveau ne peuvent percevoir la différence entre ce que vous imaginez (pilotage virtuel) et ce que vous faites en réel sur la piste. Donc, pour modifier cela, vous devez simplement deviner ce que cela représente comme sensations de piloter comme vous le souhaitez, et d’utiliser l’imagerie mentale pour vous programmer avec ces sensations. La prochaine fois que vous retournerez sur la piste, vous pourrez mettre en pratique ces changements car votre Système Réticulaire et votre cerveau l’auront déjà vécu. Ils sauront que cette technique de pilotage est sûre.

Vous pouvez vous demander "Que se passerait-il si mon imagerie n’était pas parfaitement correcte ?". Cela ne devrait pas poser problème dans la mesure où les changements apportés à votre pilotage se font par petite touche, ce que je recommande fortement, et l'erreur générée ne suffirait pas à créer le phénomène de fixation (le coup du rail cité précédemment). Après que vous ayez piloté selon vos souhaits, vous pourrez compléter les améliorations de votre pilotage en utilisant l’expérience acquise à l’instant sur la piste, ce qui mettra aussi à jour votre modèle.

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Les 5 étapes de développement du pilotage.

Il y a 5 techniques à acquérir pour atteindre votre potentiel :

Réduire la sensation de vitesse.

La réduction de la sensation de vitesse est la première technique mentale à maîtriser, car sinon vous ne pouvez pas libérer suffisamment de ressources mentales pour apprendre quoi que ce soit d’autre. Pour cela vous devez transférer le traitement de l’information visuelle de votre hémisphère gauche (qui traite une information après l'autre) vers votre hémisphère droit (qui traite toutes les informations immédiatement).

Puisque votre hémisphère droit traite l’information visuelle comme des schémas, vous êtes en train de vous programmer des modèles de reconnaissance de schémas pour la piste. Une fois les modèles stockés, et votre hémisphère gauche s’habituant aux images entrantes, votre hémisphère gauche va tenter d’arrêter de traiter les informations visuelles entrantes. Quand ceci se produit, l’hémisphère gauche observe simplement ces données visuelles et en transfère le traitement à l’hémisphère droit. Il est plus aisé à votre hémisphère droit de réaliser une comparaison de schémas (celui qui est stocké comparé à l’information visuelle perçue) plutôt que de traiter l’information par fragment comme le fait l’hémisphère gauche. La réduction de la charge mentale cause une réduction de la sensation de vitesse.

Il existe deux façons de développer votre modèle de reconnaissance de schémas et d’entraîner votre hémisphère gauche :

Utiliser l’imagerie visuelle pour améliorer votre pilotage.

Votre cerveau stocke les souvenirs tels que vos modèles de reconnaissance sous forme d’engrammes. Ces engrammes sont formés quand un signal électrique traverse le cortex. Dans un sens, on peut dire que ces engrammes représentent le "câblage" du cerveau. Quand le signal passe de neurone en neurone, il traverse les synapses (espaces séparant les neurones). Quand le signal électrique franchit les synapses, il en réduit la résistance. Cette perte de résistance perdure un certain temps, ce qui fait que la prochaine fois que vous vivez la même expérience, le signal passera plus facilement par le même chemin (circuit). Si vous refaites plusieurs fois la même expérience, la résistance du chemin est tellement affaiblie qu’on peut le dire gravé en dur (câblé) dans votre cerveau. C’est pourquoi l’apprentissage est synonyme de répétition. Il faut du temps pour établir un nouveau circuit.
Quand vous apprenez à piloter, le temps passé dans le baquet est très important, mais votre cerveau ne peut pas faire la différence entre une expérience vécue et la même chose en imaginaire. Le même signal électrique circule à travers votre cortex cérébral dans les 2 cas. Ainsi, si vous avez suffisamment d’expérience pratique pour savoir comment l’imaginer, vous pouvez utiliser l’imagerie mentale décrite ci-dessous comme technique d’entraînement pour augmenter votre expérience pratique. Imaginez que vous puissiez réaliser 5,10 ou 50 tours parfaits chaque nuit avant de vous endormir sans que cela ne vous coûte un franc d’essence, pneus, huile ... et sans imprévus.

Technique d’imagerie.

NOTES:

Utilisation de l’entraînement par imagerie sur la piste.

La prochaine fois que vous irez vous entraîner, promettez-vous de vous asseoir 10-15 minutes dans votre baquet, après chaque série de tours. Utilisez la technique telle que décrite précédemment pour contrôler votre respiration et relaxez-vous. Ensuite imaginez-vous au volant. Allez-y sur quelques tours et évaluez votre performance. Quand vous découvrez un secteur où vous pouvez améliorer votre pilotage, imaginez-vous mettant en œuvre les améliorations nécessaires. Répétez cette séquence idéale 3 à 5 fois, puis passez au virage suivant. Si vous découvrez un problème technique relatif aux réglages du kart, voyez si une amélioration vous vient à l’esprit (selon vos compétences techniques bien sûr). Une fois cet entraînement virtuel terminé, préparez votre kart et allez montrer aux autres ce que vous savez faire !.

Réduire la sensation de vitesse par la coordination des 2 hémisphères.

Après avoir enregistré vos modèles de reconnaissance de la piste, et utilisé l’imagerie visuelle pour entraîner votre hémisphère gauche à la vitesse à laquelle les images apparaîtront, vous pourrez commencer à ressentir une réduction de la sensation de vitesse (et vous découvrirez une baisse proportionnelle de votre niveau de stress en pilotant). Ce que vous devez essayer d’obtenir est de faire travailler vos 2 hémisphères en harmonie.

Trop d’hémisphère gauche et vous vous sentirez toujours en retard (les événements arrivant trop vite), et vous ressentirez un grand niveau de stress. Trop d’hémisphère droit et vous pouvez vous déconcentrer car votre hémisphère droit ne connaît pas la signification de vos repères (freinage, braquage, ...). Son manque de conscience temporelle peut vous faire manquer la prochaine tâche à accomplir (point de braquage, virage, ...). L’équilibre idéal utilise les 2 hémisphères au moment le plus approprié.

L’hémisphère gauche s’occupera de la gestion. Il ne devra s’occuper que de vérifier si la réalité correspond à ce qui était prévu (où suis-je, que dois-je ressentir, où est-ce que je vais). Pour réaliser cela, l’hémisphère gauche doit simplement être prêt quand vous arrivez sur un point de repère (un de ceux de votre modèle de reconnaissance). Une fois qu’il a déterminé que le modèle et la réalité coïncident, il peut se mettre en veille et l’hémisphère droit se réactiver pour sentir les forces en jeu et la motricité disponible. Et ainsi de suite jusqu’au prochain repère.

Le premier repère dans un virage est le plus critique, suivi par d’autres de moins en moins critiques au fur et à mesure que vous progressez dans ce virage. Ceci est dû au mécanisme d’auto protection (instinct de survie). Si vous approchez d’un point de freinage, vous devez freiner correctement pour être en sécurité et capable de négocier correctement la prochaine étape ... braquer. Si vous freinez et braquez correctement, vous serez sur la bonne trajectoire pour le point de corde, et le point de sortie. Néanmoins ces phases sont moins importantes car elles posent moins de problèmes.

Ceci signifie que si vous freinez et braquez correctement, vous pouvez basculer sur votre hémisphère droit pour percevoir les sensations de grip et pour le reste du virage. A l’inverse si vous loupez le freinage/braquage, vous devrez utiliser plus d’hémisphère gauche pour corriger votre trajectoire. C’est un autre paradoxe malheureux, que lorsque vous avez besoin de ressentir les corrections à apporter, votre cerveau soit monopolisé à trouver comment vous sortir de ce mauvais pas (ce qui aboutit souvent à faire empirer la situation).

Quand vous pilotez avec votre hémisphère gauche qui ne fonctionne qu’aux instants nécessaires, vous établissez rapidement un rythme mental. Comme le rythme est à la base de la méditation et de l'auto-hypnose, celui que vous établissez met votre cerveau (surtout l’hémisphère gauche) dans un état méditatif. Cet état, très relaxant, est juste ce qu’il faut obtenir pour réduire la tension et aider votre hémisphère gauche à transférer une part du contrôle à l’hémisphère droit. Quand vous faites cela, vous vous apercevez clairement de ce qui se passe, vous permettant de repousser vos limites en toute confiance. Vous êtes en ETAT DE GRACE !

Augmenter votre sensibilité aux forces, à l’adhérence et à la motricité.

La sensibilité se développera au fur et à mesure que votre sensation de vitesse s’améliore. Pour accélérer cela, essayez l’exercice qui suit, qui vous aidera à concentrer votre attention disponible sur les forces agissant sur votre kart et sur la motricité disponible.

NOTE: Il est préférable de faire cet exercice un jour d’entraînement, lorsque la piste n’est pas trop encombrée. Vous serez moins distraits ou gênés.

  1. Faites 2-3 tours en annonçant à haute voix (personne ne vous entendra, donc vous pouvez y aller) la couleur qui représente l’énergie qui traverse votre kart. (Rouge = décélération, Pourpre = Décélération en conduite de virage, Bleu = Conduite du virage, Turquoise = Accélération en conduite de virage, Vert = Accélération). Essayez de voir la couleur à chaque point de repère de votre modèle, quand vous l’approchez. Donc, la piste devient rouge quand vous approchez du point de freinage, puis passe du pourpre au bleu du point de braquage au point de corde, etc.
  2. Faites 2-3 tours en annonçant un nombre de 1 à 5 représentant la partie du kart qui reçoit le plus de charge. ( 1 = toute la charge est sur le train avant, 3 = la charge est équilibrée, 5 = toute la charge est sur le train arrière).
  3. Faites 2-3 tours en annonçant un nombre entre 1 et 5 qui représente le pourcentage de grip maximal que vous utilisez (1 = minimal, 5 = les pneus sont à leur limite).
  4. Faites une pause, et si vous voulez, utilisez l’imagerie pour renforcer les exercices.
  5. Faites une série de 4-8 tours à 95-98% de vos capacités. Utilisez l’attention disponible qu’il doit vous rester (car vous n’êtes pas à 100%), pour essayer de prévoir à chaque virage, quand vous atteindrez la limite du grip. Au bout d'un moment, vous serez capable de corriger en un rien de temps les dérapages qui se produisent lorsque vous atteignez la limite de motricité. Quand vous en serez là, alors VOUS contrôlerez le kart plus que vous réagirez à ses dérapages.
  6. NOTE: La prochaine fois que vous assisterez à une course, allez jeter un coup d’œil à un virage où tout le monde glisse (virage en dévers ou quelque chose d'équivalent). Observez les pilotes les plus rapides, et vous constaterez qu’ils corrigent la dérive une fraction de seconde avant que le kart glisse. Vous constaterez que leur trajectoire n’est pas hachée par leurs corrections, car elles sont préventives plutôt que correctives. Vous constaterez aussi que les pilotes les plus lents passent leur temps à contrôler le train arrière de leurs karts car n’agissant que d’une manière corrective. Quand vous apprenez à anticiper les réactions de votre châssis qui atteint la limite d’adhérence, et que vous corrigez avant qu’il ne glisse vous évitez les embardées. C’est pourquoi les pilotes les plus rapides ont des trajectoires ‘propres’.

  7. Un autre exercice facile est de réduire vos pressions de pneumatiques un maximum, et de faire quelques tours. Soyez prudent, augmentez la vitesse progressivement. L’objectif est de provoquer une plus grosse dérive à faible vitesse. Faites quelques tours comme cela, en portant votre attention sur la manière dont les pneus se comportent avant de décrocher et comment ils dérivent de plus en plus lorsque augmente la charge. Le kart donnera l’impression de danser le jerk du fait de l’auto alignement naturel des pneus, mais ce n’est pas grave, concentrez-vous sur la sensation de glisse.

En rentrant aux stand, vous aurez une bonne sensation, quoique exagérée, du comportement de vos pneus à la limite d’adhérence. Ensuite, vous n’aurez qu’a combiner l’expérience de piloter avec des pneus correctement gonflés à la limite du décrochage avec celle de pneus sous gonflés. En utilisant l’imagerie kinesthésique (c'est-à-dire en imaginant les sensations), vous pourrez modéliser le comportement du pneu en fonction des sensations perçues quand il atteint la limite d’adhérence. Vous pouvez également essayer de "visualiser" la motricité comme une courbe, prendre ce que vous imaginez être celle des pneus sous-gonflés, et l'étirer de 75% à 100% en hauteur tout en la réduisant de 50% en largeur, et vous aurez une idée de la courbe de motricité de pneus correctement gonflés.

Je sais que ces exercices peuvent paraître stupides, mais pensez à cela .... Plus vous en aurez fait, plus vous en obtiendrez en retour.

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Les jeunes pilotes.

Je ne suis pas un psychologue du développement et je ne suis pas père, mais voici:

Les jeunes enfants de 0-2 ans découvrent le monde presque entièrement à travers leur hémisphère droit (c'est-à-dire qu’il n’ont aucun sens du temps, et que chaque sensation est nouvelle et capte toute leur attention). Durant la période de 2-5 ans, leur hémisphère gauche se met en place et ils développent les outils du langage, etc., mais ils continuent à passer beaucoup de temps " dans leur hémisphère droit ". Vers l’âge de 10 ans, l’école (qui ne développe que l’hémisphère gauche) provoque le glissement de la connaissance hors de l’hémisphère droit. Vers 16 ou 18 ans, l’enfant fonctionne presque exclusivement avec l’hémisphère gauche ( à moins que la pratique d’un loisir comme le kart ou les arts développe l’hémisphère droit ). A cet âge ils ont aussi développé leur image d’eux mêmes et leur système de représentation mentale. Donc, comme vous pouvez le voir, ce que vous voulez développer par l’entraînement chez un jeune pilote dépend de son âge et du niveau de son développement mental.

En général les enfants sont injustement avantagés par rapport à nous autres vieux ‘débris’ quand ils commencent à apprendre à piloter. Je pense que c’est le cas, pour les raisons suivantes (sans ordre d'importance) :

  1. Les enfants laissent beaucoup plus facilement leurs hémisphères se partager le travail lorsqu’ils pilotent; chaque hémisphère réalisant la tâche pour laquelle il est le plus apte. C’est facile pour l’enfant de le faire, car c’est naturel pour le cerveau de travailler en partage des tâches entre les 2 hémisphères. Les adultes ont des problèmes pour cela, car ils résistent au naturel et essaient de tout faire avec leur hémisphère gauche.
  2. Les enfants possèdent un imaginaire bien entraîné et excellent dans la meilleure méthode d’apprentissage ... l’observation et l’imitation de ceux qui savent. Les enfants apprennent à marcher en observant d'abord les adultes, puis en essayant de les imiter. Quand ils tombent, ils ne se disent pas qu’ils sont mauvais, ils se relèvent et ajustent leur technique, puis s’entraînent encore et encore, jusqu'à y arriver.
  3. Les enfants sont plus réceptifs/disposés à apprendre que les adultes. Ils ne sont pas pétris d’idées pré conçues sur le comment des choses, ils voient les choses telles qu’elles sont. Ils tirent mieux les leçons de leurs expériences.
  4. Les enfants n’ont pas ou peu la notion de danger et de mortalité, et ils n’ont pas le souci financier du coût du karting.

Quelques généralités sur l’entraînement des enfants :

  1. Faites de la course un jeu sans pression pour eux. Ils doivent toujours recevoir le même soutien et niveau d’encouragements. Assurez-vous aussi qu’ils savent bien que les erreurs ne sont pas mauvaises s’ils savent en tirer les leçons.
  2. Puisque les enfants apprennent facilement par mimétisme, utilisez le support vidéo pour enregistrer leurs courses. Enregistrez plus particulièrement les passages leur causant des problèmes. Lorsque vous les enregistrez, n’omettez pas de le faire aussi des pilotes les plus rapides de leur catégorie. Puis, de retour à la maison, visualisez la cassette avec eux. La vidéo leur montrera les différences de points de freinage, braquage, trajectoire, vitesse, etc. entre eux et les pilotes plus rapides. Pendant, et après la lecture de la vidéo, demandez leur ce qu’ils pourraient améliorer. Montrez leur simplement ce qu’ils ne peuvent voir (comme les effets des réglages, ...). Essayez aussi de demander à votre pilote en herbe " que ressent ce pilote rapide quand il négocie ce virage, que penses-tu que tu ressentirais si tu allais aussi vite ".
  3. Les enfants (mais aussi les adultes) ont quelques fois des problèmes pour trouver l’équilibre. Par exemple, si votre pilote en herbe persiste à déclencher son virage trop tôt (alors que vous lui demandez à chaque fois de le retarder), cela vient peut-être du fait qu’il n’arrive pas à imaginer les sensations qu’il ressentirait en le déclenchant correctement. En fait, il est certainement en train de retarder son déclenchement (de .002 sec) à chaque passage, mais à ce rythme de changement, il sera à la retraite avant d'apprendre à tourner au bon moment. Pour l’aider, dites-lui de passer plus lentement, mais de retarder ENORMEMENT son point de braquage. Comme cela, il pourra sentir la différence entre braquer trop tôt et trop tard. Cette information rendra plus facile la découverte du bon point de braquage. Pour l’instant, ce qui se produit, c’ est qu’ils essaient et arrivent à braquer très tard et le résultat sera que ce qu’ils croient être très tard deviendra finalement le bon moment. Cela marche aussi pour nous autres vieux ‘débris’.
  4. Tout ce que j’ai écrit précédemment sur l’imagerie peut aussi être utilisé, mais comme ce sont des enfants, essayez d’en faire un jeu. Donnez leur un chronomètre et faites leur visualiser un tour en respectant le temps qu'il faut pour le parcourir en réalité, et ce de manière répétable. Le jeu pour eux est d’être capable de visualiser le même temps au tour que lorsqu’ils pratiquent en réel. Vous pouvez ensuite leur demander d’imaginer qu’ils vont un peu plus vite, et mieux, d’essayer d’imaginer ce qu’ils ressentiraient si ils allaient aussi vite que le meilleur pilote de leur catégorie (c'est tout aussi bon pour nous les vieux).
  5. Vous pouvez aussi réaliser le point 4 en étant assis au volant de leur kart. La simulation n’en sera que meilleure.
  6. La dernière chose que vous pouvez utiliser " qui à très bien fonctionné avec moi quand j'étais enfant " est de les faire imaginer qu’ils pilotent tout en marchant. Faites leur trouver des trajectoires de course dans la maison, complétez avec des dérapages dans les virages et des effets sonores si vous voulez. Je dis bien marcher, il n’est pas utile de courir, il suffit de marcher et d'imaginer que l'on va vite. Vous pourrez même vous joindre à lui, en simulant des attaques à chaque virage dans la maison (si votre femme le supporte). Personne ne peut me battre à ce petit jeu dans la chicane entre le hall et le salon de chez mes parents.

NOTE: Le plus important avec ces techniques d'entraînement, est de les rendre amusantes pour qu’ils aient envie de le faire sans que cela devienne une corvée.

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Pour conclure.

Prenez votre temps, et validez bien chaque modification faite dans vos techniques physiques ou mentales.
Faites moi part de vos retours d’expérience sur les techniques présentées.
N’hésitez pas à me passer par mail vos commentaires, questions, suggestions.

Warren Chamberlain

Commentaires à: speedcraft@mindspring.com

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Quelques définitions (ajoutées à la version originale):

La kinesthésie est la sensation interne des mouvements du corps au sens musculaire.

Le tronc cérébral qui unit le cerveau à la moelle est formé de trois parties: le pédoncule cérébral, la protubérance annulaire et le bulbe. Le tronc cérébral est une formation complexe: c'est d'abord le lieu de passage des grandes voies ascendantes ou descendantes allant du cerveau à la moelle; c'est également le lieu d'émergence de nerfs crâniens moteurs et sensitifs; c'est enfin le siège de formations qui, si elles n'ont pas le caractère de relais d'une voie spécifique déterminée, jouent, par leurs multiples connexions avec les différents systèmes spécifiques, le rôle de régulateurs. Il en est ainsi spécialement de la Substance Réticulaire qui règle les fonctions fondamentales, vigilance, motricité, sensibilité, fonctions végétatives.

Les voies ascendantes transportent les messages sensitifs ou sensoriels, conscients ou inconscients; elles proviennent soit de la moelle, soit de noyaux de relais des voies sensitives.

Les voies descendantes appartiennent pour la plupart au système dit extra-pyramidal et sont destinées pour l'essentiel à contrôler le tonus musculaire ainsi que l'exécution et la coordination des mouvements involontaires. Elles sont originaires principalement de structures elles-mêmes situées dans le tronc cérébral.

Un engramme est une trace organique laissée dans le cerveau par un événement passé individuel, et qui serait le support matériel du souvenir.

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