Je viens de sortir de mon stage de récupération de point,
Je suis extrêmement peiné de vous dire que je vais mal, et que pour la plupart d'entre vous ici c'est le cas aussi.
Avant tout si vous avez le temps de buller, vous pouvez me lire, sinon zappez direct, ce récit va être long et chiant
Le but de l'exercice, très psychologique et intéressant (en tout cas pour lequel j'ai eu un intérêt réel) est de comprendre
les motivations qui nous poussent à faire notre kéké sur nos jolies départementales.
Je vais essayer au mieux de décrire l'acheminement de la pensée et ce qui nous a amené à la conclusion finale.
On peut toutefois se demander si nous, les participants, avons trouvé la conclusion grâce à l'aide notre guide spirituel
(psychologue dans le domaine routier), qui nous aura juste un peu aider à trouver le chemin de la sainte-vérité,
ou si il nous aura emmener un peu là où il aura voulu avec une laisse pas trop longue car à coup sûr nous nous serions égarés
dans de "mauvaises" directions.
Au départ, chacun présente ces problèmes, son péché mignon, pour certains, c'était :
Groupe 1: la consommation d'alcool,
Groupe 2: les petites infractions répétées ,essentiellement par des professionnels de la route mais pas que...,
la pression subit pour respecter le timing et donc les "infractions inévitables" pour remplir son rôle
de bon travailleur consciencieux (je me sens concerné) ,
Groupe 3: les gens (ma catégorie) qui aiment conduire vite parce que ça leur procure du plaisir.
On va pour le moment oublier les 2 premiers péchés mignons pour s'intéresser au dernier:
La démarche consiste à comprendre d'où vient le plaisir (côté positif), s'il y a des inconvénients (côté négatif)
Côté plaisir (positif) on note les réponses des participants( même ceux non concernés par ce "péché mignon"):
- risques,
- adrénaline,
- sentiment d'exister,
- sentiment de maîtrise, de contrôle,
- satisfaction,
- sensations fortes
- assouvissement
- etc...
Côté négatif, on notera essentiellement:
- accident,
- verbalisation
- et assimilés etc...
Vient aussi la question de savoir si les personnes concernées aiment les sensations fortes.
Comme en réalité je suis le seul concerné dans la catégorie des gens qui roulent (parfois) vite par plaisir
uniquement, sans aucune contrainte de temps etc...
Je suis le seul à répondre que oui, je suis fortement attiré par certains sports à "sensations fortes".
A ce stade je me permets une digression, puisque je vais revenir au Groupe 2, celui de ceux qui, subissant diverses pressions
de leur vie professionnelle, se sentant coincé dans ce véritable étau que représente les exigences demandées par l'entreprise,
acceptent à contre coeur d'enfreindre les règles de sécurité, et ainsi de risquer de perdre leur permis, d'avoir un accident,
subissent la fatigue inhérente à ces contraintes, tout le mal être qui va avec, etc...
Comme j'imagine la plupart des gens ici, je fais de mon mieux pour que les objectifs qui me sont fixés soient respectés
même si parfois cela exige de fermer les yeux sur le bon sens qui dit clairement: "c'est impossible à moins de te mettre
dans une situation de merde". Là, il vient à l'idée de la plupart des gens que s'est une fatalité, la loi du travail,
les obligations du travailleurs consciencieux compréhensif des nécessités de rentabilité de la boîte.
Bref je pensais qu'être un ouvrier consciencieux, donnant le maximum de lui même, à la sueur de son front, au péril
de sa situation était une personne dotée de grandes qualités, mais que nenni, je suis une pauvre merde, un mec soumis,
un mouton, une lopette qui n'ose pas dire non.
Pour nous prouver que nous ne sommes pas des esprits libres, incapables de faire des choix, donc incapables de dire non,
on nous présente un exercice.
Les participants sont conviés à se regrouper en groupe d'environ 6 personnes.
L'exercice qui nous est présenté consiste à nous proposer 5 affirmations concernant la sécurité routière, avec pour chacune
4 choix de réponses: complètement d'accord, assez d'accord, pas trop ou pas du tout d'accord.
Les membres du groupe sont conviés, à écrire d'abord individuellement leurs réponses personnelles puis ensuite à se concilier
(on a 10 min) pour trouver un accord afin de présenter une réponse unique pour chacune des affirmations proposées.
Comme on ne nous en a pas expliqué l'intérêt, je me suis persuadé qu'il s'agissait d'un exercice utile à nous prouver que nous,
les utilisateurs de la route ne percevons pas de la même manière les dangers et qu'il faut faire un pas vers l'autre pour comprendre
les craintes et les revendications de chacun...
Au sein des 2 groupes, ça discute tout le monde essaye de se mettre d'accord, puis on présente les copies.
Notre "Psy" nous demande comment on a fait pour se mettre d'accord, et chaque groupe spontanément à choisit de sélectionner
la réponse qui recueillait la majorité des votes. Ca a été assez vite, faut dire qu'il est environ 15h00, que tout le monde a bien mangé,
que l'on pense que bientôt ça sera finit et que les réponses que l'on a décidé ensemble n'ont pas d'importances capitales,
que ça ne changera pas la face du monde.
Seule la voix d'un résistant ( bibi) ose signifier son désaccord global avec la majorité, mais s'écrase quand même puisque le but
est que l'on se mette tous d'accord.
Couillon que je suis, cet exercice est un piège servant à prouver que quand on est pas d'accord il faut le dire bien fort, et ne pas hésiter
à se mettre en opposition avec la majorité qui à coup sûr ne détient pas la vérité.
Donc, comme dans mon milieu professionnel, j'ai montré que je suis bien ce mec soumis, ce mouton, cette lopette qui n'ose pas dire non.
A cause de cela, il y a en moi une frustration, un manque de confiance de moi-même etc...
Ma vie, si elle n'était composé que de cela serait totalement pourrie, si en plus j'ai des problèmes sentimentaux, sexuels,
ou de petit zizi, c'est la cata.
2 choix s'offrent à moi:
- la fuite: je suis un fuyard (Groupe n°1), et pour cela j'utilise l'alcool et j'oublie ma vie et ma situation de merde
- je compense: je suis un compensateur (Groupe n°3), je suis une merde, donc je me donne le sentiment d'exister,
comme je manque de confiance en moi, je reprends le contrôle en maîtrisant la situation au volant de mon bolide,
comme je suis une lopette, je me lâche en prenant des risques, comme je suis frustré, je suis à la recherche de satisfaction, d'assouvissement.
Bref je suis une merde dans la merde...
Il existe toutefois une solution: il faut reprendre le contrôle de sa vie: si mon boulot est pourri, en changer, si j'ai des problèmes sentimentaux
ou sexuels, divorcer ou aller voir une professionnelle, si j'ai un petit zizi, m'acheter une GT3. En gros il faut trouver la source du problème.
Et je l'ai trouvé. Mon problème majeure, ce n'est ni mon boulot ni mon patron ni ma femme ni mon petit zizi, c'est que je passe la très grande
majorité de mon temps sur la route,frustré, à obéir à des règles que je tentais de respecter malgré mon désaccord avec une majorité qui à coup
sûr ne détient pas la vérité. Donc finit, grâce au Psy de la sécurité routière, j'ai décidé de mettre un terme à cela, je n'obéirais plus à ces lois
à la con qui dictent de rouler à 90 quand ça passe facile à 180, qui interdisent de picoler alors que ça fait gagner 10 mètres facile au freinage,
qui interdisent de prendre l'aspi, alors que tout le monde le sait c'est d'une aide non négligeable pour les dépassements, Je drifterais comme un cochon
dans tous les rond points.
Je ne serais plus cette pauvre merde soumise, ce mouton, cette lopette frustrée.
MERCI Monsieur le Psy de la sécurité routière